Bilan de ma participation à la CdP26

Les deux dernières semaines, j’ai assisté (à distance) à la vingt-sixième Conférence des Parties qui se tenait à Glasgow, dans le cadre de ma maîtrise en gestion de l’environnement à l'Université de Sherbrooke.

Depuis 10 ans, l’Université de Sherbrooke envoie une délégation d’étudiant.e.s aux Conférences des Parties afin de les former, sur le terrain, à devenir des acteurs environnementaux dans notre société. Cette année, pour des raisons d’équité et d’accessibilité, la délégation a choisi de rester au Québec et d’assister à la CdP26 à distance. Ces deux dernières semaines ont comporté leur lot de défis et de bons coups

La CdP c'est quoi ?


La Conférence des Parties, aussi appelée CdP en français ou COP, est un rassemblement d’États qui se tient depuis 1995, à travers lequel les États ratifient des conventions dans lesquelles les États s’engagent à adopter des engagements.

Pour participer aux conférences, un État doit avoir adhéré à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). L’objectif de CCNUCC est de s’attaquer aux émissions anthropiques de GES afin de limiter les changements climatiques. On compte actuellement plus de 190 Parties qui se réunissent annuellement aux Conférences des Partis. La CdP est donc le moment pendant lequel les pays travaillent à opérationnaliser les objectifs et les obligations de la CCNUCC. Les Parties peuvent adopter des engagements qui ne sont pas inclus directement dans le texte de la CCNUCC, comme l’objectif de fournir 100 milliards de dollars annuellement aux pays en voie de développement.

À travers les années, les Parties ont signé trois conventions. La première, la CCNUCC, la deuxième le traité de Kyoto et la dernière, l’Accord de Paris. L’Accord de Paris adopté lors de la CdP de 2015, est une convention qui se tient pendant les CdP mais qui se concentre sur l’application de l’Accord de Paris. Ce traité, ratifié par plus de 190 États, s’est construit autour de l’objectif de maintenir le réchauffement global largement inférieur à 2°C et idéalement sous 1,5°C. Pour atteindre cette cible, les États sont appelés à mettre en place des inventaires de leurs émissions de GES au niveau national et surtout à réduire leurs émissions.

Les bons coups de la CdP26 

Beyond Oil and Gas

Dès la première semaine des négociations, le Premier ministre Legault a été le premier dirigeant à se joindre à l’Alliance Beyond Oil and Gas Alliance (BOGA), qui était alors seulement composé des États fondateurs de l’entente, le Costa Rica et le Danemark. Cette initiative vise à mettre fin à l’exploitation et à l’exploration des hydrocarbures sur les territoires nationaux. Plus de 11 membres, répartis en différentes catégories selon leur engagement de réduction, sont désormais membres du BOGA. L’absence des États-Unis, du Canada et d’autres États pétroliers a été remarquée et critiquée. Plusieurs des pays qui n’ont pas rejoint la BOGA sont les plus grands producteurs de pétrole et leur absence est vue comme un frein à la diminution des émissions de GES.


Mobilisation de la société civile 

J’ai eu la chance d’assister à plusieurs évènements organisés par diverses organisations de la société civile. Ces évènements, qui se déroulent en marge de la CdP, sont l’occasion pour les différent.e.s actrices et acteurs de se réunir et de discuter d’aspects qui ne sont pas abordés dans le cadre des négociations officielles. Des individus présents à Glasgow, ont organisé des débriefs quotidiens afin d’informer la société civile ici au Québec sur les avancements de la conférence. Ces rencontres étaient des moments d’échanges privilégiés et surtout des manières d’avoir accès à des informations provenant de sources primaires. 


Sur un même ordre d’idées, plusieurs individus et citoyen.ne.s engagé.e.s ont rédigé des lettres ouvertes, des plaidoyers ou même mis sur pied des capsules vidéo sur les divers réseaux sociaux. Au Québec, les dernières semaines ont été marquées par une vague de solidarité, de mobilisation et une conscientisation générale sur l’enjeu des changements climatiques. 

Les moins bon coups de la CdP26 


Combustibles fossiles

La présence des lobbyistes issus du milieu des combustibles fossiles a été critiquée par les membres de la société civile et même certain.e.s scientifiques. Les lobbyistes étaient plus de 500 à la CdP26, ce qui en a fait la délégation la plus nombreuse. À titre comparatif, la délégation du Brésil, qui a avait la délégation de Partie la plus nombreuse était composée de 400 individus. La quantité de lobbyistes et les ressources qu’ils disposent en a inquiété plusieurs. On craignait que les termes combustibles fossiles ne se retrouvent plus dans le texte final de la décision de Glasgow vÀ la surprise générale, pour la première fois ces termes s’y trouvent. Il est tout de même important de souligner qu’on retrouve dans le texte final la diminution de l’utilisation des combustibles fossiles plutôt que la sortie, tel qu’il était initialement prévu. 

Défis d’accessibilité

La vingt-sixième conférence des parties est marquée par des grands défis d’accessibilité et d’équité. La COVID-19, qui a forcé le report de la dernière CdP, a eu des impacts sur la conférence  encore cette année. Plus de 55 000 accréditations ont été accordées pour cette vingt-sixième conférence. Cependant, en raison des mesures sanitaires, moins de 20 000 personnes pouvaient être présentes sur place en même temps. Il n’y avait pas assez de place pour que les individus présents sur place puissent assister aux évènements. 

Au-delà des défis sur place parmi les accrédités, plusieurs personnes n’ont pas pu assister à la conférence, notamment en raison de la vaccination, de l’accès au visa pour entrer au pays ou même des frais de voyage. Cela a engendré des réflexions entourant la représentativité des différentes voix au sein de l’action climatique, notamment celle des populations les plus marginalisées. Plusieurs organisations de la société civile ont critiqué l’exclusion de ces voix et ont tenté de les amplifier le plus fidèlement.

Pour celles et ceux qui, comme moi, ne se sont pas rendus à Glasgow, il a été plutôt difficile de suivre l'événement à distance. Certaines négociations se sont tenues en plénière fermée au public, tandis que d’autres étaient publiques mais n’étaient pas diffusées sur internet. Celles et ceux qui veulent suivre l’évènement ont dû s'armer de patience pour se retrouver à travers la panoplie de conférences et surtout réussir à avoir accès à celles-ci.  

À posteriori de la CdP26

La mobilisation locale, dans nos quartiers, dans nos villes et même dans notre région est décrite par plusieurs experts comme étant la clé pour que nos sociétés soient plus pro-actives  et ambitieuses dans la lutte aux changements climatiques. Le fait de montrer qu’on se préoccupe de l’environnement et qu’on s’attend à voir de réels changements dans ce domaine exerce une pression sur la classe politique et engendre la prise d’action.

Une autre mesure qu’on peut tous faire, c’est de voter lors des élections. Les élections sont des moments charnières de notre société, pendant laquelle les partis politiques peuvent relever leurs ambitions et leurs promesses. C’est aussi le moment pour les citoyens de montrer leurs préoccupations et les enjeux qui leur tiennent à cœur. Les élections municipales de novembre dernier ont été décrites comme un virage vert, en raison du nombre élevé d’élu.e.s qui sont préoccupés par l’environnement.

Nous sommes tous responsables de la lutte aux changements climatiques et d’une manière ou d’une autre nous pouvons faire la différence. Chaque personne a l’opportunité et la liberté de trouver sa façon d’y arriver.